Dans la tanière du tigre

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La Charente Libre

Anais : l’écrivain diplomate livre son expérience indienne

Depuis le vieux logis de La Clavière à Anais, Nicolas Idier sort son nouveau roman, Dans la tanière du tigre.
Récit littéraire de son voyage à travers l’Inde.

Par Céline AUCHER - Publié le 23 février 2022

 Dans le vieux logis de La Clavière à Anais, Nicolas Idier concentre dix ans de voyage à travers la Chine et l’Inde. - Photo CL

Dans le vieux logis de La Clavière à Anais, Nicolas Idier concentre dix ans de voyage à travers la Chine et l’Inde. Photo CL

 

Devant les boiseries du vieux logis de La Clavière à Anais, deux petits tigres du Bengale colorés veillent sur la cheminée, dans un décor foisonnant où se mêlent objets et iconographies chinoises et indiennes. Comme une synthèse des aventures exotiques vécues par Nicolas Idier avant son arrivée en Charente en 2018. Un nouveau refuge pour l’écrivain diplomate qui a travaillé deux ans à la Cité de la BD à Angoulême avant de sortir son cinquième livre Dans la tanière du tigre,récit littéraire de son expérience indienne.

C’est ici à Anais que je l’ai écrit, en plein confinement lié au covid, au moment où paradoxalement toutes les frontières se refermaient, raconte Nicolas Idier, resté quatre ans en Inde comme attaché culturel à l’Institut français de New Delhi, après six ans passés à Pékin.
Des pays qu’on connaît peu ou mal en France et qui suscitent beaucoup de fantasmes.
Lui y compris, qui, minot, rêvait d’ailleurs au contact de son grand- père, ancien magistrat de l’Indochine coloniale, et de sa mère qui a passé son enfance à Haïphong au Vietnam.

J'ai grandi dans un milieu imprégné d'objets venus d'Asie qui m'intriguaient et me donnaient envie. L'idée des trois semaines de bateau autrefois nécessaires pour partir là-bas me faisait rêver, avoue l’ancien étudiant parti en Chine à vingt ans et qui parle couramment le mandarin. Sa première passion. Là où il a écrit ses premiers romans:
La ville noire , un thriller, La musique des pierres , récit de sa rencontre avec le peintre Liu Dan et Nouvelle jeunesse, une plongée dans le monde de la nuit aujourd’hui en Chine, souligne ce docteur en histoire de l’art de la Chine, membre associé du centre de recherche sur l’Extrême-Orient de Paris-Sorbonne, qui suit aujourd’hui tout ce qui a trait à l’enseignement du chinois en France pour le ministère de l’Éducation nationale.

Le hasard fait bien les choses: son nouveau roman sort l’année du tigre dans le calendrier chinois.
Il a été difficile à écrire car, en tant que diplomate, on attend de nous une certaine distance par rapport aux pays où l’on est envoyé. En Inde, confronté à tant de violence et de beauté en même temps, je me suis laissé atteindre comme jamais.
A la manière de ce déjeuner dans une odeur d'égout et de fleurs que décrit l’écrivain, qui a parcouru le pays dans tous les sens, en train, en bateau, à moto ou dans la vieille Toyota aux amortisseurs usés conduite par Prem, son chauffeur. En quête d’une réponse à la question: qu’est-ce qui pousse «unjeune homme bien élevé» à partir toujours plus loin, à se confronter aux profondeurs, à prendre le risque d’entrer dans la tanière du tigre? Je n’ai pas de réponse, mais l’expérience indienne m’a appris à garder de l’espoir. C’est un des endroits qui permet de comprendre l’humanité dans ce qu’elle a de pire et de meilleur, confie l’écrivain, en pointant une façon d’aller au fond de soi-même.
Quitte à se frotter aux tigres, métaphores aussi de personnages centraux du roman: la version sombre et inquiétante avec Narandra Modi, le premier ministre fondamentaliste hindou, concentré des inégalités, du racisme et de la violence du pays. La version lumineuse avec Arundhati Roy, immense écrivaine indienne, auteure notamment du Dieu des petits riens, rencontrée par hasard dans une librairie et devenue son amie. Une guide nécessaire dans ma découverte de l'Inde , avoue Nicolas Idier, admiratif de cette «militante ferme dans sa défense des libertés, mais capable de voir l’humanité dans ses ennemis.»
Dans le vieux logis du XVIe siècle de la Clavière, les photos envoyées par l’écrivaine via WhatsApp font un drôle d’écho au mobilier et aux paysages qui l’entourent. Là où Nicolas Idier essaie de revenir tous les week-ends avec sa famille.
Je me demande même si, à force de bouger, il me reste des racines , écrit-il.
Après dix ans à l’étranger, deux enfants nés en Chine et en Inde, ça a été dur de revenir en France: je me sentais déraciné, confie l’écrivain, emmitouflé dans un long manteau indien pour faire face au froid glacial de la matinée. La Charente, il l’a découverte à travers le festival de la BD. C’est le choix du cœur. C’était en plus important pour nous d’investir une maison chargée d’histoire. Je le vis comme une nouvelle aventure dont je tirerai sans doute un livre un jour.

Céline AUCHER