Dans la tanière du tigre

Le site littéraire de Nicolas Idier

 

Pourtant je m'élève

Maya Angelou

 

maya angelou portrait G. Marshall Wilson Ebony Collection AP

G. Marshall Wilson—Ebony Collection/AP

 

 

Tu peux me faire passer à l'Histoire

Avec tes mensonges pervers, 

Et me traîner dans la poussière, 

Mais, comme elle, je me soulèverai. 

 

Mon exubérance t'irrite-t-elle ? 

La tristesse te gagne, pourquoi ? 

Parce que j'avance comme si j'avais

Des puits de pétrole chez moi. 

 

Tout comme les lunes et les soleils, 

Aussi sûre que les marées, 

Tel un espoir qui se réveille, 

Toujours, je m'élèverai. 

 

Voulais-tu me voir brisée ?

La tête courbée les yeux baissés ?

Mes épaules tombant comme des larmes, 

Par mon âme en pleurs, diminuées ? 

 

Est-ce mon dédain qui t'offense ? 

Tu peines vraiment à l'accepter ?

Car je ris comme si des mines d'or

Dans mon jardin étaient creusées. 

 

Tire-moi dessus avec tes mots, 

Saigne-moi donc avec tes yeux, 

Tue-moi avec ta haine, mais

Pourtant, comme l'air, je m'élèverai. 

 

Mon côté sexy te dérange ? 

Et pour toi, est-ce une surprise 

Que je danse comme si des diamants

Nichaient au croisement de mes cuisses ? 

 

Des taudis honteux de l'Histoire

Je m'élève

D'un passé pétri de souffrance

Je m'élève

Tel un océan noir, bondissant et immense, 

Débordant, grossissant, je porte la marée. 

 

Abandonnant les nuits de terreur et d'effroi

Je me lève

Dans une aurore à l'éclat merveilleux

Je m'élève

Apportant les cadeaux offerts par mes aïeux, 

Je suis le rêve et l'espoir de l'esclave. 

Je me lève

Je me soulève

Je m'élève. 

 

Maya Angelou couv